PIERRE LARFOUILLOUX (1902-1968)

 

Né dans la Drôme à Valence en 1902 Pierre Larfouilloux sera surtout élevé par ses deux frères aînés, son père greffier de la justice de paix étant décédé quand il avait 12 ans. Après un séjour très formateur au pensionnat du Rondeau-Montfleury près de Grenoble, où il nouera de solides amitiés, il sera l’élève, au lycée de Tournon, en classe de rhétorique, d’un brillant professeur, Joseph Parnin, ami de Mallarmé. Il se fera remarquer par son talent, comme l’atteste le Journal de Tournon du 9 Avril 1922, qui, évoquant un spectacle donné par les élèves pour le tricentenaire de Molière, parle de « trois scènes d’Amphitryon enlevées avec une maîtrise véritable par M. Larfouilloux un Sosie d’une force comique irrésistible ». Manifestant un goût prononcé et un réel talent pour la littérature et la poésie, sensible et cultivé, aimant profondément son pays, son riche patrimoine et ses paysages, il plantera son chevalet dans les lieux qu’il affectionne, fréquentera très tôt le milieu littéraire et artistique provençal de son époque, alors représenté par Jeanne de Flandreysie qui continue l’œuvre du félibrige de Mistral et par le poète Le Cardonnel ami de Verlaine. Sous la pression de sa famille, il devra renoncer à s’inscrire aux Beaux-Arts et il entreprendra des études de Droit.

C’est alors que, nommé Receveur de l’Enregistrement, en 1935, le destin le conduit vers les bords de la Saône, dans une charmante petite cité au nom de Pont-de-Veyle, à laquelle il va s’attacher ainsi qu’à la région. Très vite il entreprend avec son épouse qui l’aura toujours secondé, le vaste et délicat chantier de restauration d’une antique demeure au cœur du village, l’ancienne résidence des Ducs de Savoie qui est laissée à l’abandon. L’amour du patrimoine, le souci de sa préservation l’animera toute sa vie. Il y consacrera son énergie et son temps et il mettra son talent de photographe et de cinéaste amateur au service de l’évocation des lieux et de la retranscription des principaux événements locaux. C’est ainsi qu’en 1953 il réalisera un film sur le canton de Pont-de-Veyle, document rare et précieux sur la vie complète d’un canton au lendemain de la deuxième guerre mondiale, juste avant les grands bouleversements qui vont affecter le mode de vie rural et les techniques de production et de communication. Restauré par le Conseil Général de l’Ain, la Cinémathèque des pays de l’Ain et de Savoie, la Communauté des Communes de Pont-de-Veyle, il sera édité en DVD et sonorisé en 2015.

D’un tempérament très créatif il est tout autant occupé par sa vie familiale, par l’éducation de ses cinq enfants, les relations avec les amis qu’il aime accueillir avec son épouse à Pont-de-Veyle et dans sa maison de vacances qu’il a fait construire en Beaujolais où il a pu exercer des talents d’architecte et de paysagiste, par le jardin, la cave et la gastronomie (c’est un fin gourmet, à l’époque où les poulets de Bresse sont encore de vrais poulets nourris dans les règles de l’art ! ) par la vie culturelle locale, il adore aussi lire, réciter de la poésie ayant en mémoire des œuvres entières d’écrivains et de poètes… Chaque chose a pour lui son importance, tout est solidaire et il aimait citer la phrase du poète Térence : « rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».

Cependant sa passion première, celle apparue très tôt, dans son enfance, sera le pastel, passion qui se développera tout au long de sa vie, jusqu’à sa mort en 1968. Il eut ainsi une vie dense, très créative dans bien des domaines et novatrice mais brusquement interrompue par un cancer qui devait l’emporter en 1968.

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